Maxime Lépinay - ingénieur innovation et industrie chez Crymirotech - en quelques mots...
Au fil de cette interview, un acteur de l’économie circulaire et de l’éco-conception, nous fait découvrir son univers en quelques mots. TEAM2 remercie Maxime Lépinay, ingénieur innovation et agro-industrie chez Crymirotech, de s’être prêté à cet exercice.
PRÉSENTATION.
« Maxime Lépinay, je suis ingénieur innovation et agro-industrie, avec un master entrepreneuriat. Après mes études, je me suis très rapidement tourné vers la vocation de créer, optimiser, améliorer et concevoir des produits/procédés permettant de contribuer à résoudre les enjeux auxquels l’humanité fait face, notamment sur les questions d’environnement avec un grand E.
CRYMIROTECH a été créé en 2019 pour contribuer efficacement à une dynamique d’économie circulaire, en se positionnant tout d’abord dans le secteur du recyclage chimique. Mais nous souhaitons avant tout apporter une pierre à l’édifice d’un monde plus durable, ainsi que d’une chimie plus durable.
Nous avons à ce titre développé une technologie permettant de dépolymériser tous types de déchets non-inertes, et notamment les plastiques. Grâce à nos catalyseurs, nous pouvons ainsi produire à partir de tous mélanges de déchets, peu importe leur état et leurs caractéristiques physiques, des matières premières primaires. C’est-à-dire les monomères permettant la production des résines plastiques ou tout autre produit chimique ou produit à plus haute valeur ajoutée.
Nous prévoyons un démarrage industriel sur des mélanges de plastiques non recyclés (envoyés à l’incinération ou l’enfouissement) et nous recherchons actuellement des gisements de ce type, en garantissant 100 % de valorisation matière. »
PARCOURS.
« Ce qui m’a motivé et conduit à travailler dans l’économie circulaire et le recyclage, est ma première expérience chez Airbus Group. Je réalisais des ACV (analyse cycle de vie) sur 3 procédés de production de biokérosène à partir d’algues et de 3 autres technologies émergentes à l’époque. C’est là que j’ai acquis les compétences pour pouvoir créer un procédé, celui que nous utilisons actuellement et qui a été breveté, combinant les avantages de ceux que j’ai pu étudier de près, et en réduisant les inconvénients.
J’ai ensuite été ingénieur optimisation chez Lactalis-Nestlé Ultra Frais, afin de réduire les rebuts de production. En croisant ces deux expériences, d’un côté les ACV et les procédés industriels et de l’autre une optimisation et réduction des déchets, j’en suis arrivé à créer CRYMIROTECH.
MOTIVATION.
« En réalité, la chimie et la biochimie ont toujours été pour moi un sujet de prédilection. Je me suis donc naturellement rapproché du recyclage chimique. Parfois mal compris ou mal appréhendé, le recyclage chimique, où en tout cas le potentiel de recyclage chimique de notre process permet pourtant à terme, de recycler toutes les matières.
Peut-être de façon plus complexe ou moins tangible que le recyclage mécanique, mais de façon complémentaire tout en étant durable, l’objectif de CRYMIROTECH est d’utiliser son procédé et ces variantes afin d’avoir une solution de recyclage de dernier recours pour n’importe quel déchet. C’est possible, et c’est ce qui m’anime. »
ÉVOLUTION.
« Le réemploi fait sa réapparition et les procédés de recyclage mécanique présents sur le marché s’améliorent également, on voit l’avènement de la digitalisation du secteur. Néanmoins, la quantité de déchets reste haute, et même si nous privilégions la prévention de déchets à l’utilisation de notre process, à l’heure actuelle, il y a toujours des déchets en mélanges partant vers l’incinération et l’enfouissement. C’est pour ces déchets hétérogènes que nous avons développé notre technologie. »
DOMAINE.
« Il y a énormément de possibilités théoriques dans le domaine : le transport des déchets, la gestion administrative, la traçabilité, les procédés, la digitalisation, la maintenance, la qualité, la réincorporation, le réemploi, la communication, etc. Tous ces métiers sont différents et nécessitent des compétences différentes. En revanche, le plus intéressant pour un jeune diplômé serait le « pourquoi » souhaite-t-il rejoindre ce domaine. »
FILIÈRE.
« Chaque acteur a une vision et des objectifs différents. Si je devais décrire la filière du recyclage en quelques mots, je dirais qu’elle est efficace mais complétement perfectible. Bien sûr, il y a plusieurs possibilités de réponses en fonction du positionnement. »
DÉFIS.
« Le premier défi majeur à relever pour accélérer une transition vers une économie plus circulaire serait de trouver une solution de prévention/réemploi/recyclage pour tous les produits/matières générés, peu importe la quantité de déchets qu’elle traiterait.
Le second serait de permettre à ses solutions d’arriver rapidement sur le marché en les combinant, dans l’objectif d’atteindre cette économie circulaire. Il faut surtout garder à l’esprit que cet objectif est concret, tangible et réaliste, et non complétement utopiste. »
OBJECTIFS.
« Notre objectif pour 2023 est de préparer le déploiement industriel de notre solution, via notre premier module de recyclage de mélanges de plastiques. Pour cela, nous souhaitons :
- Échanger avec tout acteur ou entreprise qui dispose de gisements de 500 tonnes par an à 10 000 tonnes par an de mélanges de plastique, et qui souhaiterait les recycler en matières premières primaires et intermédiaires chimiques, avec 100 % de valorisation matière. Le recyclage est sur mesure et différentes synergies sont envisageables selon le gisement. Je précise toutes résines confondues tous plastiques confondus, peu importe la composition ou les caractéristiques des plastiques.
- Valider les matières premières primaires et intermédiaires chimiques produits à partir des gisements sélectionnés, pour pouvoir fournir l’industrie chimique et/ou pétrochimique de façon pérenne.
- Trouver un site d’implantation pour ce premier module de recyclage ainsi que pour notre centre R&D (Recherche et Développement) et d’expertise sur la technologie. »
Date de publication : 19 avril 2023