RUSTINE
La valorisation des déchets de matières plastiques est une préoccupation de tout premier plan, tant pour les industriels que pour les consommateurs qui se retrouvent impliqués dans la gestion de leurs déchets ménagers. Leur valorisation reste cependant limitée aujourd’hui en partie du fait d’un manque de débouchés potentiels des plastiques recyclés (pour des raisons techniques, économiques ou encore réglementaires). En particulier, les performances des matériaux recyclés sont souvent en deçà de celles des matériaux vierges ce qui limite leur valorisation en boucle fermée.
Dans le domaine de l’automobile, la présence de contaminants dans les matières recyclées conduit à la formation d’odeurs ce qui limite généralement leur utilisation à des pièces extérieures. De plus, en ce qui concerne le domaine de l’emballage alimentaire, grand consommateur de matière plastique, l’utilisation de matière recyclée n’est à ce jour impossible, en raison de la contamination potentielle de ces dernières.
Présentation du projet RUSTINE
Le projet RUSTINE associe 4 entreprises (Galloo Plastics ; Wipak ; Nutripak et Stellantis) et 2 laboratoires académiques l’UMET (Unité matériaux et Transformations) et l’IMT NORD EUROPE (Institut Mines‑Télécom) / l’association Armines) qui ambitionnent de développer un procédé permettant une décontamination des déchets plastiques issus de différentes filières (la filière cible étant les emballages alimentaires).
L’objectif est de démontrer que même si c’est impossible actuellement, ces déchets peuvent revenir dans des secteurs d’applications comme l’emballage alimentaire (boucle fermée) et l’automobile (habitacle intérieur).
Procédé et objectif du projet RUSTINE
Afin de permettre le déploiement de l’utilisation de matière recyclée dans ces domaines, le développement de procédés de dépollution performants apparait comme nécessaire et constitue l’objet du projet RUSTINE. Le procédé qui sera étudié et développé au cours du projet est un procédé d’extrusion assistée fluide, l’eau et le dioxyde de carbone à l’état supercritique étant les deux fluides choisis. Il s’agira d’identifier les paramètres clés qui régissent la dépollution sans dégrader le polymère. A l’issue du projet, une mise en évidence de la faisabilité technique du recyclage d’emballage alimentaire est attendue à différentes échelles (laboratoire, pilote et industrielle). Les résultats et données issues du projet pourront être utilisés dans le cadre d’une demande d’autorisation d’utilisation du polypropylène issu du procédé de décontamination développé dans le cadre de RUSTINE, dans des applications contact alimentaire auprès de l’EFSA (European Food Safety Security). Le développement d’un tel procédé devrait permettre une meilleure valorisation des plastiques issus des déchets d’emballage.
L’enjeu global du projet RUSTINE consistera à produire un matériau recyclé répondant aux cahiers des charges des utilisateurs finaux à savoir le domaine de l’automobile et/ou de l’emballage alimentaire afin de contribuer à l’augmentation du taux de valorisation des plastiques recyclés.
Contexte autour du projet RUSTINE
A l’heure actuelle, seul le polyéthylène téréphtalate (PET) est majoritairement valorisé dans des domaines d’application à iso-fonction (bottle-to-bottle). Le polymère ciblé dans le projet RUSTINE est le polypropylène (PP) largement utilisé dans les domaines alimentaires et automobile et dont les volumes collectés devraient augmenter avec la mise en place généralisée de l’extension des consignes de tri. La possibilité de proposer un polypropylène recyclé, décontaminé alimentaire et/ou sans odeurs permettrait le développement d’une filière de valorisation du polypropylène à haute valeur ajoutée et aurait pour effet un accroissement de la demande et un retour au choix de l’emballage polypropylène pour certains acteurs enclins à s’orienter vers d’autres matériaux (biodégradables par exemple ce qui perturbe certaines filières de valorisation des déchets plastiques).
Les retombées économiques se ressentiraient donc sur toute la filière : fabrication, transformation, consommation. D’autre part, dans un contexte de protection environnementale fort, les industries transformatrices de matières plastiques et de polypropylène en particulier pourront ainsi développer une économie circulaire, diminuer leur dépendance à l’énergie fossile et accroître leur responsabilité sociétale.